BariLoco

17 décembre 2012

14/12/2012 Bariloche

Patrick et Nathalie sont partis aujourd'hui. Après un mois passé en leur compagnie, leur départ me rend un poil triste. Mais telle est la vie du vagabond, les rencontres se succèdent, les adieux aussi... Eux voguent désormais vers le Mexique, et je reste encore quelques jours à Bariloche, toujours logé à la casa de Seb et sa ptite famille, 475 calle de las Estrellas. Le long de cette allée en terre, toutes les maisons sont faites de bois avec des architectures plus ou moins biscornues, certaines sont tellement tordues qu'on se demande comment elles tiennent encore debout. Ici, pas besoin de permis de construire, c'est le royaume de la débrouille, de la récup, et du bricolage, cette ambiance un peu bordélique donne une âme au quartier qui me plaît bien. Les voitures vont de pair avec les habitations, on croise par exemple beaucoup de picks-up Dodge, Chevrolet ou Ford des années 80, ou des vielles Renaults 11, 12 ou 14. Seb circule avec une 504, la grande classe !! La semaine dernière, on l'a chargé à bloc pour partir quelques jours sur un site de grimpe, « valle encantado » : 6 personnes, cordes et mousquetons, matos de camping, bateau pneumatique pour traverser la rivière, bref, yen avait jusque sur le toit. Les argentins repartent le soir même et nous laissent en mode « into the wild » avec le bateau, on s'improvise passeurs officiel les jours qui suivent, car on est les seuls ayent une embarcation qui tient la route. On retrouve ainsi deux Turcs et deux Suédois rencontrés à la Piedra, et on se défonce tous les doigts en cœur dans les grandes envolées de 30 ou 40 mètres, successions de trous bien abrasifs qui me rappellent les gorges du Tarn. La qualité de grimpe est donc au rdv, la météo aussi si bien que je ne monte même pas la tente, et dors sur un tapis de cendre qu'un volcan Chilien a déposé là une paire d'années plus tôt. Après 4 jours de grimpe, nos corps demandent un peu de repos et une bonne douche chaude, mes cheveux sont tellement sales et gorgés de cendres que je ressemble à un vieux dreadeux Jamaïcain.

Deux jours plus tard, on repart à l’assaut du rocher Patagon, armés cette fois-ci de friends et autres coinceurs, pour tenter de gravir les fissures granitiques du Cerro Lopez. Situé à quelques km de Bariloche, le cadre est magnifique, des lacs et forêts s'étendent à perte de vue, parsemés de quelques habitations avec ponton perso, qui donnent envie de s'installer là, de pêcher la truite et de jouer de la guitare en chantant son bonheur face au large (les lacs sont tellement grands qu'on en voit pas souvent le bout). Seul le vent vient perturber cette quiétude, mais quel vent !!! Des violentes rafales viennent compliquer les équilibres déjà précaires dans les grandes dalles lisses dépourvues de prises, si bien que je me fait caca dessus même dans du 6a 6b !!!

A présent, plusieurs options s'offrent à moi, l'appel du grand sud résonne quand même très fort dans ma tête ; Fitz Roy, Cerro Torre, Torres del Paine, tous ces sommets mythiques qui font rêver n'importe quel alpiniste, mais la météo s'annonce capricieuse, comme souvent dans ces contrées extrêmes... est ce que ça vaut le coup de descendre la fameuse ruta 40, vers le bout du bout du monde ? mon instinct ne m'a encore pas donné la réponse. Pour l'instant, je sais juste que je dois retrouver une nouvelle équipe de potes Franco-Suisso-Chilienne, à la Cerveceria de la Cruz, dans moins d'une heure. Je laisse donc le cyber monde pour aller boire 6 bières, sans savoir de quoi demain sera fait !